Carte Blanche : Un hôpital saturé n’est plus un hôpital
Publié le 23 octobre 2020 à 16:30 - Mis à jour le 23 octobre 2020 à 15:49 ven 23/10/2020 - 16:30Carte blanche "Un hôpital saturé n'est plus un hôpital", signée par les directions générales des hôpitaux Centre hospitalier EpiCURA, CHU Ambroise Paré, Pôle hospitalier Jolimont et CHU Tivoli
Un hôpital saturé n’est plus un hôpital.
Les hôpitaux belges se dirigent à grande vitesse vers une « saturation de leurs capacités ». Ceux
qui ne travaillent pas dans un hôpital n’imaginent probablement pas ce qui, en pratique, se cache
derrière cette expression.
Dans un hôpital saturé, les soignants n’auront plus la possibilité de s’occuper correctement des
patients. Si vous avez la malchance d’y être admis, vous ne serez pas certain qu’une infirmière
puisse venir immédiatement à votre secours quand vous activerez la sonnette de détresse. Des
procédures de sécurité essentielles devront parfois être négligées, ce qui vous exposera à des
erreurs de médicaments et à des infections. Il faudra parfois renoncer à gérer votre douleur, à faire
votre toilette, à vous apporter une panne ou simplement à prendre quelques minutes pour vous
réconforter, alors qu’il s’agit de gestes d’humanité fondamentaux.
Dans un hôpital saturé, votre temps d’attente aux urgences explosera. Si vous développez un
cancer, il ne sera peut-être pas dépisté ou opéré à temps. Si vous souffrez d’une maladie mentale
ou d’autres maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension, un moins bon suivi vous
mettra en danger.
Dans un hôpital saturé, il n’y aura pas de soins intensifs pour tout le monde. Il faudra attendre
qu’un patient décède pour disposer d’un lit de réanimation. Des médecins devront choisir entre
deux patients qui auront un besoin vital de ce lit. La capacité des chambres funéraires sera
dépassée, ce qui empêchera de maintenir la dignité du traitement des défunts.
Dans nos hôpitaux saturés, nos collègues de tous les métiers, de tous les services, épuiseront
leurs dernières forces pour limiter les dégâts, pour sauver tous ceux que l’on pourra sauver. Mais
discrètement, derrière nos masques, nous pleurerons en assistant au désastre et en nous
demandant pourquoi nous ne sommes pas parvenus ensemble à éviter cela.
Or, pour que des mesures adéquates soient adoptées et surtout respectées, il est essentiel que
chacun mesure la gravité de la situation et observe strictement les mesures permettant de limiter
voire de stopper la propagation du virus.
Sans mesures beaucoup plus fortes que celles prises jusqu’à ce jour, les hôpitaux ne s’en sortiront
pas.
François BURHIN, Directeur Général Centre Hospitalier EPICURA ASBL
Stéphan MERCIER, Directeur Général, Pôle Hospitalier Jolimont
Jean-Claude DORMONT, Directeur Général Centre Hospitalier Universitaire de Tivoli
Stéphane OLIVIER, Directeur Général Centre Hospitalier Universitaire Ambroise Paré